Sur cette estampe de 1926, le peintre et graveur Yoshida Hiroshi (1876-1950) nous montre une famille heureuse. Une mère et ses deux enfants sont accroupis au bord d'un petit étang, les yeux rivés sur des carpes rouges et noires, symboles de persévérance et de bonne fortune, qui dansent gracieusement. Vêtus de yukatas, ils semblent oubliés du temps. La lumière du jour illumine la scène, créant des reflets sur l'eau. L'un des enfants dessine les poissons, tandis que la mère et le second enfant les nourrit. C'est un moment de pure joie et de simplicité.
Il y a quelque chose de reposant à les regarder, comme si le monde autour s’était un peu ralenti. L'estampe de Yoshida Hiroshi nous invite à une contemplation paisible Cette scène idyllique, où la nature et la famille se mêlent en parfaite harmonie, reflète les idéaux confucéens de la société japonaise qui valorisent l’équilibre familial et le respect des traditions. Cependant, cette philosophie, qui prône l’harmonie au sein du foyer, a également joué un rôle crucial dans la structuration des rôles sociaux, en particulier celui des femmes."
Historiquement, il faut savoir que les femmes japonaises ont été étroitement liées à la sphère domestique, (principalement à partir du Moyen-Age) souvent considérées comme les gardiennes du foyer et de la famille. Ce rôle traditionnel de « mère au foyer » a profondément façonné la perception des femmes dans la société. Leurs responsabilités, centrées sur l’éducation des enfants et la gestion du foyer, ont souvent restreint leurs aspirations professionnelles.
Un des facteurs à l'origine de cette restrictions est le confucianisme, une philosophie née en Chine au VIe siècle avant notre ère, qui a profondément influencé de nombreuses cultures asiatiques, y compris le Japon. Avec son introduction, cette philosophie a redéfini la structure sociale et les valeurs culturelles, plaçant la famille au cœur de tout. Dans ce système patriarcal, les femmes étaient souvent cantonnées à des rôles subalternes, et leurs ambitions personnelles étaient souvent étouffées. Bien que le confucianisme valorise l'éducation, celle-ci était majoritairement réservée aux hommes. Les femmes, même si elles recevaient une certaine formation, étaient généralement préparées à devenir de bonnes épouses et mères. Cette vision a renforcé l'idée que la valeur d'une femme se mesurait à sa capacité à gérer un foyer.
Aujourd'hui, bien que de plus en plus de femmes s'épanouissent en travaillant dans des domaines variés comme l'art, la politique ou les affaires, les stéréotypes et des attentes sociales continuent de freiner leur progression. Le concept de ryôsai kenbo, qui valorise la femme comme « bonne épouse et sage mère », reste omniprésent et influence encore de nombreuses décisions de vie.
Le Japon est en transition. Je suis curieuse de voir comment les choses vont bouger dans les années à avenir
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